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De tout de rien

17 avril 2010

Putatives performances

Diffraction d’une durée cyclosportive où l’objectif de durer ne dure pas, pas même l’espace d’une illusion …

Question de rythme que je n’ai pas ! question d’allure que je n’aurai plus…

 

Au taquet dès le premier pont d’autoroute, à l’agonie au premier faux plat montant 

Nous étions vingt et cent nous étions un millier, heu 1066 exactement dans le peloton effréné de la 77 – 2010 à Vaux le Pénil – Seine et Marne, ce onze avril.

Les températures sont bien fraîches et le soleil va briller, lui …

Diffraction d’une durée – attente du départ, départ de quoi ? un peu de stress, appréhension compréhensible.

150 kilomètres ; la distance est entendue distendue la durée impertinente sa perception

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Au premier virage je suis déjà à fond, plus qu’à fond… la selle vissée dans le fi...on fille à 45 vent pleine gueule, l’étrangeté c’est que certains puissent remonter et la vraie douleur, celle de ne pouvoir tenir, mon dossard rouge ni changeant rien (merci Jean-Pierre sympa quand même !) mes jambes lourdes et dures, ma tête plus dans la tête de course si loin déjà, ni plus tout à fait dans la course !

Premier coup de patin, un gadin ? Mains crispées sur le guidon, inquiétude peur palpable… nous sommes cinquante pied à terre et déjà ça repart sur la droite. Cris et Hurlements c’est une histoire pleine de bruits et de fureurs pédalée par des idiots qui signifie quoi ? oh vile question,  faut que je pédale …

Le peloton s’étire inexorablement, premières cassures paquets épars, tenir pour tenir, ne pas lâcher ou alors les freins un peu, se décrisper tout en restant vigilant,  non je ne veux plus frotter ! première heure terrible d’effort total pour paquet après paquets sauter comme une nouille… pas de bol suis pas dans le coup mais ne céder qu’au combat, muscles tétanisés et reins endoloris, grimaçante mascarade.

Diffraction d’une durée cyclosportive, moment de conscience biaisée ou d’inconscience voulue, décompte grotesque de minutes d’inutile dépense physique, recherche d’une forme particulière de plaisir, impossible équation  division par zéro.

Ça fait une heure trente que je suis à fond pas loin de le toucher ; c’est quoi le problème ?

Combien sommes-nous à nous poser encore une fois la question : Que fait-on là ?

Stéph et Manu remontent décontractés et faciles, c’est sympa de partager avec eux un bout de route et un homme aux nerfs et muscles d’acier mon Gérard mal entraîné de s’accrocher un peu plus loin. Fab ?  a déjà pris un obus, son cas serait-il vélocipédiquement désespéré ?

Les kilomètres défilent avalés, engloutis, indigestes…mais cette sourde inquiétude au creux du ventre remontant un nauséeux goût de gerbe est en train de s’estomper, lentement … je me sens un peu moins mal, un peu mais relevant la tête ma respiration plus profonde je décèle en moi une joie, un plaisir d’être là dans cette débauche de calories dépensées qui prend possession de mes doutes et des quelques réticences qu’encore il me reste.

Plus loin, un compagnon d’infortune étendu sur la route, les secours s’activent autour de lui… manœuvre hasardeuse ? malchance absolue ? mon front endolori ne saigne plus mais me démange de ton sort, j’ai comme toi il y a peu comparé le grain rugueux du bitumeux, inapprécié les différences du goudron de l’asphalte ou de l’enrobé, vécu en une incrédulité hébétée les principes de la gravité,  j’en porte les stigmates qui s’associent à ta douleur mais Vois : de nouveau en selle dûment dossardé je glane du plaisir et du non galvaudé, je t’en présage le retour…

Vigilance, vigilance une chute c’est toujours trop con … choir qu’elle mauvaise idée ! nous ne sommes pas ici pour ça et n’oublions pas, ce n’est pas une épreuve (quelle qu’elle soit) qui est dangereuse c’est toujours NOUS !

Malgré tout malgré ça, un plaisir solide et palpable me porte en tête du groupe où je prends ma part à son avancée décuplant ainsi ma joie féroce de l’immanence du moment, le soleil brille illuminant pour moi un printemps désiré. Même la côte de Courcelles n’écorne pas ce contentement, bien au contraire. Ce vent en dessèche plus d’un mais pas moi qu’une vigueur de loin remontée électrise, que m’importe son sens, les miens engrangent… Stéph en travers viens de prendre un éclat oh oui ‘l’arme aiguisée ne suffit pas’…

J’enroule du braquet, le plaisir est bien là, présent, intense, j’envoie tu envoies il envoie, nous envoyons du bois et reprenons isolés ou par paquets quantité de cyclos et même Manu : oui ‘ l’arme aiguisée ne suffit pas  il faut la rouille aussi

Enfin, oui enfin ils sont là, je ne suis là que pour ça, que pour eux,  pour ces moments où dans la joie de l’effort une forme de sauvagerie de bestialité chavire mes certitudes, contrecarre la technicité de ma monture, la fluidité de son mouvement la vitesse générée et sa cohorte de bruits de sensations, époustouflante griserie.

Quoi ?? trop d’endorphines ? …laisse tomber !

Vous envoyez, ils envoient du lourd…

D’autres gyrophares et sirènes hurlantes, le cas semble sérieux refroidissement immédiat. M**** on est pas là pour ça …

Un lourd silence accable le paquet qui d’un seul coup redécouvre la prudence mais pas les limitations de vitesse.

D’agréables sensations demeurent, rouler vite procure un plaisir rare, même si les jambes se font très dures et que l’acide lactique te place des mines dont il a le secret. Le paquet explose où est Manu ? oh sans la rouille ‘on dira toujours d’eux : ils sont trop jeunes’. Profiter des derniers kilomètres pour amplifier cette onde de plaisir, savourer jusqu’au bout malgré les bosses malgré les ‘sortis-de-nulle-part’ qui attaquent aux cinq kilomètres ou dans la dernière bosse et l’autre qui me fait le sprint…

Diffraction de ma durée cyclosportive.

Je ne connais ni le nom du vainqueur ni le nombre d’heures et de minutes qu’il lui a fallu pour passer la ligne, le mien est très moyen mais je ne veux pas bouder mon plaisir ni m’en laisser compter par les égarés, les aigris les insatisfaits…que la chose soit perfectible je n’en disconviens pas mais les carrefours étaient tous bien protégés, la route suffisamment sécurisée, l’épreuve suffisamment bien ficelée pour y glaner assez de contentement peut-être pas pour justifier ces quelques phrases néanmoins assez pour y avoir passé un agréable dimanche matin.

L’organisation de telles manifestations n’est assurément pas une chose aisée, remercions-en ceux qui ont encore le courage et l’énergie de le faire, de nous les rendre possibles et si le format proposé ne nous convient plus, il nous appartient d’en proposer d’autres...

 

Avril 2010

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